Les métamorphoses d'une usine de médicaments au Mozambique. Des politiques pharmaceutiques socialistes au projet de la coopération brésilienne
Soutenance de thèse de doctorat en santé et sciences sociales d'Alila Brossard Antonielli
13 janvier 2023
Salle A07_37 - Salle des soutenances (7e étage) - EHESS - 54, Boulevard Raspail - 75006 Paris
Jury
Rigas Arvanitis, directeur de recherche IRD
Michel Cahen, directeur de recherche émérite CNRS
Maurice Cassier, directeur de recherche CNRS
Marilena Corrêa, professeure, Universidade do Estado do Rio de Janeiro
Jean-Paul Gaudillière, directeur de recherche Inserm/EHESS
Mathieu Quet, directeur de recherche IRD
Deisy Ventura, professeure, Universidade de São Paulo
Résumé
Depuis son indépendance en 1975, le Mozambique a adopté des politiques pharmaceutiques innovantes en résonance avec les débats internationaux de l’époque sur l’accès aux médicaments génériques et la promotion de la production locale. Dans les années 1980, le Mozambique a installé sa première usine pharmaceutique avec le soutien technique de l’UNIDO. Ces politiques autonomistes ont souffert des crises économiques et des programmes d’ajustement structurel. Le domaine des médicaments, bien que dominé depuis les années 1990 par les bailleurs de fonds, est le terrain de négociations pour une reprise en main par les cadres mozambicains en santé. Depuis 2003, le Brésil, fort de son expérience de fabrication d’antirétroviraux (ARV) et d’autres médicaments génériques dans ses laboratoires publics, soutient le gouvernement mozambicain dans la mise en place d’une usine d’état pour la production locale de médicaments génériques. Cette coopération Sud-Sud se distingue, car contrairement à d’autres initiatives récentes de production locale en Afrique, il ne s’agit pas d’une joint-venture, mais d’un État tiers qui fait don de la technologie, des équipements, des matières premières et finance la formation des ressources humaines d’une entreprise publique d’un pays à faibles revenus.
L’objectif principal de cette recherche est de documenter et d’analyser de façon critique le transfert de technologie pharmaceutique du Brésil vers le Mozambique pour la production locale d’antirétroviraux génériques. Nous interrogerons le processus qui a imbriqué santé publique, diplomatie et circulation de savoirs techniques et le contexte évolutif dans lequel se projet s’est déroulé, à savoir celui de la mise en place de financements de traitements VIH à grande échelle au Mozambique. Cela permettra de mettre en exergue les conditions pratiques et les enjeux pour la fabrication d’antirétroviraux dans des pays du sud à ressources limitées, et particulièrement en Afrique subsaharienne, comme alternative pour réduire la dépendance de ces pays à l’aide internationale pour le traitement de leur population. Cette recherche s’appuie sur des entretiens, des observations réalisées dans l’usine de médicaments, ainsi que sur le recueil de documents officiels, d’archives et d’un corpus de presse.
Mots-clés : médicaments génériques, industrie pharmaceutique, transfert de technologie, coopération Sud-Sud, Mozambique