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Persistance biochimique et récalcitrance politique. Enquête socio-historique sur les résurgences multiscalaires d’un problème environnemental et sanitaire

Soutenance de thèse de doctorat en histoire, option histoire des sciences d'Aurélien Féron

28 novembre 2018, à 13h

EHESS, salle 2, premier étage, 105 boulevard Raspail, 75006 Paris

 

Jury

  • Mme Christine Dourlens, maîtresse de conférences, Université Jean Monnet de Saint-Etienne – Rapportrice
  • M. Jean-Paul Gaudillière, directeur de recherche Inserm et directeur d’études cumulant EHESS – Directeur de thèse
  • Mme Nathalie Jas, chargée de recherche, Inra – Co-directrice de thèse
  • M. Pierre-Benoît Joly, directeur de recherche, Inra
  • Mme Anne Rasmussen, directrice d’études, EHESS
  • M. Paul-André Rosental, professeur, Sciences Po – Rapporteur
  • Mme Heike Weber, professeure, Karlsruhe Institut of Technology

Résumé de la thèse

Synthétisés massivement à partir des années 1930, les PCB (polychlorobiphényles) sont de ces substances chimiques dont l’utilisation a été progressivement interdite à l’échelle mondiale pour des raisons sanitaires, après des décennies de production industrielle et d’usages divers aussi bien dans l’industrie que dans des produits de consommation courante dans les bureaux et les maisons. Ils sont décrits par la communauté scientifique depuis la fin des années 1960 comme un polluant omniprésent dans l’environnement, s’accumulant dans les corps des êtres vivants, toxique, « persistant » (qui – où qu’il se trouve – ne se dégrade pas ou peu au fil du temps), et dont on ne sait aujourd’hui encore se débarrasser qu’en l’incinérant à très haute température. Cette famille de molécules a fait l’objet de nombreuses actions politiques dès le début des années 1970 : non seulement la production et l’utilisation de ces substances ont été progressivement interdites mais des dispositifs réglementaires et des filières industrielles ont été développés pour procéder à leur élimination.

Cette thèse étudie comment des dommages, des problèmes, des dangers et des risques ont été associés aux PCB et comment tout ceci a été géré. Dans cette perspective, la contamination du monde par ces substances apparaît, au fil des cinq dernières décennies, comme un problème récalcitrant : la multiplication de dispositifs techniques et politiques visant à gérer les (potentiels) effets néfastes des PCB n’a pas suffi à éviter que de nouveaux problèmes n’émergent et que certains types de problèmes déjà pris en charge par le passé ne resurgissent.

A partir d’archives, d’entretiens semi-directifs et de documents collectés en ligne, cette thèse pose d’abord quelques jalons pour une histoire transnationale de la qualification et de la gestion des enjeux sanitaires et environnementaux liés aux PCB depuis le début de leur production industrielle en 1929. Elle s’intéresse ensuite plus particulièrement à trois "affaires" survenues en France, entre le milieu des années 1980 et aujourd’hui, au cours desquelles les PCB, à partir de problématisations locales, ont suscité l’intervention de différents acteurs, notamment des scientifiques, des associations et des pouvoirs publics. Elle éclaire ainsi les dynamiques scientifiques, techniques, industrielles, sociales et politiques qui, au-delà du consensus au sein de la communauté scientifique sur la persistance biochimique de ces composés, ont fait la récalcitrance politique du "problème PCB" au fil des décennies.


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