Nosaka Shiori
Doctorante en histoire des sciences et de la médecine, EHESS
Contact : shiori.nosaka(at)ehess.fr
Titre de la thèse : Laboratoire d’une science moderne : l’histoire de la bactériologie au Japon impérial (1880-1940)
Directeurs : Jean-Paul Gaudillière (Cermes3), Bernard Thomann (Inalco)
Ayant émergé comme une médecine de laboratoire, attribuant la cause des maladie infectieuses aux agents pathogènes que sont les micro-organismes, la bactériologie se présente dès les années 1880 comme une science prometteuse contre de multiples épidémies provoquées à l’échelle globale suite à l’expansion et à l’intensification des activités commerciales. Contrairement à cette image, les approches médicales que proposent les théories et les outils bactériologies sont encore expérimentales et controversées jusqu’à l’apparition d’une autre invention biotechnologique au milieu du XXème siècle : les antibiotiques. Cette thèse envisage d’étudier les transformations de la bactériologie pendant cette période, des années 1880 aux années 1940, en se focalisant sur le cas du Japon, dont l’État mobilisait pleinement l’étiologie bactérienne, afin de construire un empire moderne, dans ses pratiques sanitaires marquées par un système centralisé. Tout en s’inspirant des politiques internationales d’hygiène publique, qui ont permis le partage des savoirs et des techniques bactériologiques, les bactériologistes japonais voient des contraintes pragmatiques et locales dans les épidémies, qui prennent une forme unique à chaque apparition, et produisent leurs propres savoirs pour les adapter à leur géopolitique à la fois sécuritaire et expansionniste. Pour saisir cette dynamique, qui met en cause les notions du transfert de la science dite occidentale, nous analysons de différents modes d’interprétation, de prévention et de traitement des maladies, issus de la bactériologie, en nous focalisant sur le choléra, la malaria et la tuberculose, trois maladies qui permettent de suivre notre objet sur une longue durée.