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Embarquer avec les clowns à l’hôpital. Sociologie d’un drôle de travail entre art et service

Soutenance de thèse de doctorat en sociologie de Claire Bodelet

13 octobre 2020, 15h

Cermes3, 7 rue Guy Môquet, 94800 Villejuif

Jury

Jean-Paul Gaudillière,  directeur d’études à l’EHESS, Cermes3 (directeur de thèse)
Daniel Cefaï, directeur d’Etudes à l’EHESS, CEMS, Paris (président du jury)
Ruth Horowitz, professeure à la New York University (rapporteur)
Florence VINIT, professeure à l’Université du Québec à Montréal (rapporteur)
Isabelle Baszanger, directeur de recherche CNRS émérite, Cermes3 (examinateur)
Dominique Pasquier, directeur de recherche CNRS, Cerlis (examinateur)

Résumé

L’hôpital est un lieu où l’on ne s’attend a priori pas à rencontrer des clowns. Pourtant, ils y sont de plus en plus nombreux. Que font les clowns à l’hôpital ? A quelles situations sont-ils confrontés et comment y répondent-ils ? Quelle place tiennent-ils dans les soins ? Comment sont-ils organisés ? Cette thèse est consacrée au travail des clowns à l’hôpital et plus particulièrement, à celui qu’ils mènent dans les services pédiatriques. Dans ces lieux, leurs prestations  prennent différentes formes : une berceuse dans la chambre d’un bébé, un tour de magie dans le couloir avec les adolescents, une course poursuite dans la salle d’attente des urgences… En suivant une approche ethnographique, cette recherche donne à voir comment l’hôpital reconfigure le métier de clown (formes d’exercice, modes d’organisation, enjeux du travail, etc.). Elle est organisée en trois parties. La première s’intéresse à l’émergence des clowns à l’hôpital comme groupe spécifique et à son entrée dans une logique de professionnalisation. En France, une association, Le Rire Médecin, a largement orchestré ce mouvement en définissant un dispositif d’action particulier (avec des spectacles improvisés et réalisés « sur mesure »), formalisant certaines normes de jeu (comme le travail en duo), inscrivant leur activité dans la profession de comédien (plutôt que les professions de santé), et mobilisant différents outils pour contrôler l’accès à l’exercice du métier (et avec eux aussi, l’accès à un nouveau marché du travail). Toutefois, cette professionnalisation dessine aussi de nouveaux enjeux : comment assurer la reproduction de ce modèle dans le temps ? Quelle terminologie professionnelle choisir ? Quel type de contrôle professionnel mettre en place ? Dans une deuxième partie, un détour par la question de l’apprentissage du métier plus général de clown s’est imposé pour comprendre comment se réalise l’entrée, puis le maintien dans la profession. En effet, cet apprentissage repose sur un processus de création, consistant pour chaque acteur à créer son propre personnage de clown qu’il pourra ensuite « amener » et « piloter » à l’hôpital. Simultanément, chaque acteur apprend qu’il doit « nourrir » et perfectionner son personnage. En ce sens, l’activité des clowns à l’hôpital se prête tout particulièrement à des formes de management néolibérales (valorisation de l’autonomie des individus, intériorisation de la contrainte, contrôle par les pairs). Enfin, la troisième partie vise à décrire et analyser le travail en actes de ces clowns, dans son déroulement quotidien : comment ils s’insèrent dans le flux des activités de l’hôpital, comment ils transforment les ambiances qui préexistent dans chaque service, comment ils élaborent leurs différents numéros. Dans les chambres, les clowns travaillent dans une configuration inédite, caractérisée par des situations de face à face avec un public composé d’un seul spectateur qui peut intervenir sur le déroulement du numéro. De plus, son état peut être plus ou moins altéré par la maladie et les numéros peuvent être interrompus à tout moment (par l’entrée d’un soignant, par exemple). Comment alors les clowns parviennent-ils à se coordonner et à contrôler la dynamique de chaque spectacle ? L’analyse, appuyée sur la Grounded Theory, les travaux de Strauss et de Goffman, a permis d’identifier des situations types, en fonction desquelles les clowns déclenchent différentes figures d’interaction. Pour autant, l’application de ces « recettes de clown » n’est pas suffisante. Ainsi, chaque spectacle apparaît plutôt comme étant le résultat d’une action située, qui tient compte d’un ensemble de paramètres (matériels et immatériels) et qui répond tantôt à des enjeux traditionnels (divertir le public, par exemple), tantôt à des enjeux nouveaux : apaiser l’attente, soulager la douleur causée par un acte médical et/ou encore, rendre le jeune patient – et parfois aussi, son parent – coopératif(s) pendant les soins.

Mots clés : clowns, hôpital, travail, interaction, ambiances, émotions.


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