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Risques médicamenteux et subjectivités. Regards croisés en sciences sociales

Journée d'étude dans le cadre du programme dans le cadre du programme "La personne en médecine" (USPC)" organisée par Ashley Ouvrier et Sylvie Fainzang

Le 10 mars 2017

Salle de réunion, Cermes3, 7 rue Guy Môquet, 94800 Villejuif

 

Grâce à l’émergence de la méthode expérimentale au 19ème siècle, et à l’avènement de la médecine basée sur les preuves au 20ème, la biomédecine s'est dotée d’outils pour mesurer l’efficacité et l’innocuité de ses traitements. Le rapport risque-bénéfice est désormais évalué pour chaque substance active et en fonction de chaque pathologie. La sécurité du médicament est devenue une priorité des politiques de santé publique à l’échelle mondiale au même titre que la sécurité alimentaire ou environnementale. Études et comités nationaux ou internationaux évaluent ainsi régulièrement les risques de toutes sortes de molécules, y compris après que celles-ci ont obtenu l’AMM. Pourtant, alors que les médicaments n’ont jamais autant fait l’objet de mesures et de contrôles pour en garantir l’absence de risque, ils sont aussi régulièrement au coeur de scandales médiatiques qui rappellent que la sécurité médicamenteuse, aussi scientifique et investie soit-elle, n’est pas sans faille. L’histoire contemporaine montre que les écueils se situent à la fois dans le décalage entre l’innocuité observée dans les essais cliniques et celle qui s’exprime lorsque les médicaments sont distribués en 'population réelle', mais aussi dans des conflits d’intérêts avec les puissants acteurs économiques que sont les industriels du médicament. À cela s’ajoute encore la particularité de chaque contexte national qui régule à sa manière ce qui est consommé et publicisé en matière de produits pharmaceutiques. Les habitudes des professionnels de santé, en cabinet et dans les institutions de soins, ont également une réelle influence sur la sécurité du médicament.

Comment, face à une telle complexité, les profanes envisagent-ils le risque qu’ils prennent à consommer des médicaments ? A l’ère de l’evidence-based medicine et de la santé connectée, les patients disposent-ils ou se dotent-ils d’outils spécifiques pour penser ce risque ? Les prescripteurs abordent-ils facilement le sujet avec leurs patients et selon quelles logiques ? Comment, dans un contexte de survalorisation de l’autonomie du patient et de consommation toujours croissante du médicament, l’omniprésence de ce risque prend-elle place dans la relation de soin et dans l'expérience de chacun de ses protagonistes ? Comment approcher la pluralité des modes d’expression de ce risque médicamenteux, parfois discuté, d’autre fois nié, souvent normalisé, quelquefois entravé ?

Au cours de cette journée d’étude, on examinera, sur la base de travaux empiriques, la manière dont patients et soignants – mais aussi industriels, contextes nationaux et autorités sanitaires – participent à la création de dynamiques normatives de gestion du risque médicamenteux qui elles-mêmes s’articulent, par des effets d’opposition ou d’accumulation, avec la subjectivité des consommateurs et des prescripteurs.

Programme


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