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Savoirs d'expériences et expériences de savoirs dans les secteurs social, sanitaire et médico-social

Journée d'étude organisée par l'IRTS Montrouge-Neuilly sur Marne et le Réseau de Recherche sur les Organisations du Social Cermes3-EHESP-Handeo

15 octobre 2021

Amphithéâtre de l’IRTS Montrouge-Neuilly-sur-Marne, 1 rue du 11 novembre, 92120 Montrouge

 

Possibilité d’une participation à distance

Organisation : Cyril Desjeux (Handeo), Nicolas Henckes (CNRS-Cermes3), Marcel Jaeger (Cnam-LISE), Alain Lopez (IRTS Montrouge), Eric Marchandet (IRTS Montrouge), Myriam Winance (Inserm-Cermes3).

Entrée libre mais inscription obligatoire à cette adresse : https://framaforms.org/inscription-a-la-journee-savoirs-dexperience-experiences-des-savoir-irts-montrouge-1631866083

Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., ou Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Argumentaire

L’articulation entre « expériences » et « savoirs » est devenue depuis quelques années une question brûlante dans les mondes du travail social et de la recherche. Elle traduit à la fois une série de transformations dans les relations, au sens large, entre les services, les administrations et leurs usagers, et dans le rôle que jouent les savoirs pour constituer des identités et des pratiques. Elle appelle ainsi différents niveaux de lecture auxquels voudraient faire écho les deux parties du titre donné à cette journée.

La première, « savoirs d’expériences », part d’une idée au fondement de la démarche de validation des acquis de l’expérience, aujourd’hui largement admise dans l’ensemble des champs de la formation et de l’enseignement supérieur, selon laquelle l’expérience personnelle ou professionnelle produit des savoirs.  Elle renvoie plus largement à l’histoire des secteurs social et médico-social, qui se sont construit à partir des expériences vécues d'une diversité d’acteurs, militants, familles et professionnels. En réponse à des besoins d'assistance ou d'accompagnement exprimés localement, ceux-ci ont fait émerger une myriade de services et établissements ancrés dans des contextes locaux, reposant sur des financements et des organisations ad hoc et inventant des modèles qui ne pouvaient pas toujours être reproduits. Revendiquant l'innovation et le pragmatisme, ils critiquaient ainsi l’emprise d'une série de catégories et d’approches, souvent d’origine biomédicale, objectivantes et potentiellement aliénantes sur les problèmes et questions dont ils se saisissaient. Par contraste, les conceptualisations émergentes du médico-social articulaient des savoirs relevant de différents registres, observation sociologique, expériences professionnelles et personnelles, corpus théoriques ou encore statistiques.

Alors qu'à partir des années 1970 les travailleurs sociaux commençaient à constituer des contingents importants des étudiants de sciences humaines et sociales, et que certains par ailleurs s'engageaient dans des parcours de recherche, la professionnalisation de la discipline a reposé sur une demande d'autonomie à l'égard des savoirs académiques, qu'ont portée les instituts de travail social. Si certains secteurs du médico-social ont fait émerger une recherche active et originale, comme le handicap ou l'enfance inadaptée, d'autres ont peu participé à ce mouvement ou sont restés dominés par des savoirs venus d'autres champs, notamment dans le secteur de la santé mentale ou des personnes âgées. La recherche académique est restée de son côté peu développée, segmentée selon des catégories de population, peu mobilisée par les professionnels et peu diffusée dans la société. Si quelques études médico-économiques servaient de base à la programmation des établissements, le pilotage du secteur était peu informé par la recherche. En ce sens les savoirs au fondement du travail social étaient pratiquement par nature des savoirs d’expérience.

L’idée de savoirs d’expérience connaît cependant depuis une vingtaine d’année un renouveau et un déplacement sous la forme des « savoirs expérientiels » portés plus spécifiquement par les personnes vulnérables, en situation de handicap, malades, ou concernées par une expérience spécifique. La reconnaissance de ces savoirs spécifiques a abouti dans les années 2000 avec la promotion des usagers chercheurs et des pairs aidant, l’association des usagers à l'évaluation des services et leur inclusion systématique dans les conseils d'administration, comités consultatifs et instances de décisions diverses. On entend ainsi de plus en plus parler d’ « expertise usagère » ou d’ « expairs » (Gardien) lorsque les savoirs d’expériences sont le fait de pairs aidants. De façon peut-être encore plus remarquable, le décret du 6 mai 2017 a fait des « savoirs issus de l'expérience des personnes bénéficiant d'un accompagnement social » l’un des éléments sur lesquels doivent s’appuyer les travailleurs sociaux pour constituer leurs pratiques.

La seconde partie du titre « expériences de savoirs » renvoie de son côté à un mouvement différent : la place nouvelle accordée aux savoirs et à la recherche dans le développement, la régulation et la transformation des secteurs social et médico-social. Les uns et les autres sont en effet devenus un enjeu essentiel pour l’ensemble des acteurs dans la construction des pratiques, à la fois ressource et contrainte, éclairage sur les pratiques et aide à la décision, instrument de légitimation des institutions et des acteurs, ou encore appui pour poser et résoudre les questions éthiques qui émergent des pratiques. A ce titre les savoirs ne sont pas seulement le produit d’expériences singulières, mais en circulant dans des réseaux d’acteurs les plus divers, ils contribuent de façon essentielle en retour à façonner des expériences. Deux éléments ont particulièrement nourri ces dernières années ce phénomène.

Le premier est la demande d’évaluation des pratiques et des organismes formulée à tous les niveaux et désormais inscrite dans le code de l’Action sociale. Cette demande d’évaluation traduit une préoccupation pour l'efficience de la dépense publique, mais elle exprime aussi une exigence portée par les usagers de lisibilité des pratiques professionnels et une préoccupation éthique pour la qualité des prestations. Si une grande partie du marché de l'évaluation est pris en charge par des sociétés proposant des approches standardisées et peu réflexives empruntées aux mondes de l'audit et du consulting, certaines d'entre elles revendiquent une proximité avec des méthodes et des discours universitaires. Par ailleurs ce marché crée également un appel d'air pour des recherches plus en prise sur les organisations de travail elles-mêmes.

Le second est la mastérisation des métiers du social. Débutée avec la création de masters de management des organisations de la santé et du social à destination des cadres du secteur dans les années 2000 elle se poursuit aujourd'hui pour les travailleurs sociaux dans leur ensemble. Elle se traduit par la création de nouvelles formations par les facultés de SHS, d’économie et de gestion, par la création de départements de recherche dans les instituts de travail social, et par le rapprochement des deux organismes. Ce processus conduit à mettre sur le marché du travail une génération de professionnels plus sensible aux questions et méthodologies issues de la recherche et moins enclins à fonder leurs pratiques exclusivement et directement sur de leurs expériences.

Les savoirs revêtent ainsi un intérêt profondément renouvelé dans les mondes contemporains du social et du médico-social, à la fois débouché et condition des expériences individuelles et collectives, objet de négociation et enjeu d’appropriation, enjeu subjectif et personnel et instrument au service de la rationalisation et l’objectivation des pratiques et institutions.

Cette journée d’étude, qui réunira professionnels du travail social, usagers et chercheurs, se propose de mener un premier bilan de ces transformations. Nous voulons comprendre à la fois comment les expériences diverses des acteurs du médico-social – professionnels, usagers, décideurs – mobilisent, utilisent, se nourrissent de savoirs et comment en retour les acteurs du savoir s’appuient sur ces expériences pour construire leurs objets, mener des investigations et légitimer des approches et résultats. Ce faisant nous défendons une vision résolument pragmatique de ces objets. Loin de considérer que la production des savoirs se fait à distance ou dans une position d’extériorité vis-à-vis des mondes sociaux qu’elle concerne et auxquels elle s'adresse, nous suggérons qu'elle est elle-même traversée par des intérêts qui contribuent à définir ses méthodes, ses approches, ses hypothèses et jusqu'à un certain point ses analyses. En mettant en dialogue savoirs et expériences nous ne voulons pas suggérer que les uns s'opposent aux seconds, que la recherche se fait à distance des expériences qu'elles transmuteraient en les objectivant. Au contraire nous proposons que des expériences diverses, professionnelles, de recherche, d'usagers, travaillent la recherche qu'elle contribue à définir et orienter.

La journée abordera particulièrement les questions suivantes qui ne sont pas exhaustives

Comment les savoirs sont-ils diffusés dans les mondes du social et du médico-social ? A qui sert la recherche sur le médico-social ? Jusqu'à quel point participe-t-elle à la réflexion des professionnels sur leurs pratiques ? Quel rôle jouent les savoirs dans les rapports de force qui travaillent ces mondes ? Comment sont-ils mobilisés dans les relations entre les organisations et leurs employés, entre professionnels et usagers ?

Comment les expériences sont-elles transformées en savoirs et dans quel type de savoirs ? Quelles expériences donnent effectivement lieu à des savoirs ? Quel rôle la recherche joue-t-elle dans la transformation des expériences en savoirs ? Comment la recherche fait-elle face à l'incommensurabilité des expériences vécues par des acteurs occupant des positions nécessairement distinctes dans les organisations du social ? Quelle place l'expérience des chercheurs occupe-t-elle dans leurs propres recherches ? Les acteurs chercheurs produisent-ils une recherche spécifique ?

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La journée est organisée en 4 sessions-tables rondes, associant à chaque fois des personnalités aux profils divers, issues du travail social, de la recherche, de la formation, de l’administration ou usagers, expert. 

 

Programme

9h. Accueil des participants

1. 9h30-11h00. Savoirs expérientiels, pair aidance

Alain Bonnami (IRTS Montrouge) 
Carole Le Floch (Coordinatrice pair CRPA IdF) 
Animation : Marcel Jaeger (Professeur émérite du Cnam)

2. 11h15-12h45. Expériences et formation

Agnès d’Arripe, Responsable projet DESHMA et Unité de recherche HADéPaS, Fernand Heringuez DESHMA et travailleur en ESAT  et Natacha Denekre DESHMA et  APEI Saint Omer
Clément Bosque (IRTS Montrouge)
Animation : Cyril Desjeux (Directeur scientifique à Handeo)

Déjeuner libre

3. 14h-15h30. Recherche action, Recherche participation, Recherche émancipation

Intervenant à confirmer
Anne Boucher, chargée de projet Equipe Relais Handicaps Rares Ile-de-France et Sandrine Carabeux, pilote de l'ERHR
Animation : Myriam Winance (Chercheure à l’INSERM-Cermes3)

4. 15h45-17h15. Le point de vue des institutions

Philippe Chervin (Secrétaire général FIRAH) 
Diane Desprat (Chef de projet innovations de terrain, études et évaluations, CNSA)
Animation : Nicolas Henckes (chercheur au CNRS-Cermes3)


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